Une semaine. 10 jours, même. 10 jours que je suis à Nantes, et je suis las. Au début, tout allait bien, en un sens. Je supportais la maniaquerie de mon grand-père sans trop de difficultés, nous discutions (difficilement, certes, il n'entend plus très bien malgré ses appareils, et ne me comprend pas quand je parle à ma vitesse "normale" -- comprendre rapide, y compris pour mes parents -- mais quand même). Mais les sujets de discussion se sont vites épuisés, et l'inactivité globale qui règne dans cette maison me pèse... De même que le poids des habitudes, et la lenteur globale dont il fait preuve. Je sais qu'il a 80 ans, mais je ne m'y fais pas.

Il me faut aussi digérer la tristesse globale présente dans la maison, et le regard vide et un peu perdu de mon grand-pêre. J'ai l'impression qu'à chaque coin de porte je vais tomber sur ma grand-mère. Je ne suis pas sûr que je m'y ferai... Ma chienne, Éphyra, est décédée il y a un an, en septembre 2003, alors que j'étais sur le bateau avec un couple d'amis, et depuis, à chaque fois que je vais chez mes parents, je la cherche... Dans la même veine, mon autre grand-mère, du côté de mon père, est décédée il y a 4 ans; de temps en temps, j'ai encore l'envie d'aller me faire un scrabble chez elle, avant de me rappeller que ça ne va pas être possible. Refus de la mort ? Ou tout simplement, manque de recul (4 ans, quand même, je devrais avoir intégré...) ?

Combiné au poids du devoir de soutien -- il est resté 55 ans avec la même femme, sans jamais être seul ou presque, et là, d'un seul coup, il se retrouve à nouveau seul... Après s'être marié à 24 ans. Du coup, nous nous inquiétons pour lui. Ce qui est d'autant plus dur que j'ai le même caractère que lui. Nous avons réussi à le mettre en veilleuse pendant environ une semaine, mais nos divergences commencent à s'exprimer. Autant avouer que j'attends mon retour en Ville avec une impatience croissante, tout en m'en voulant: le laisser seul n'est pas ce que j'ai envie de faire, mais rester plus longtemps ne serait pas raisonnable, je ne vois aucun intérêt à me fâcher avec lui. Tant de questions insolubles... Peut-être que le temps aplanira les choses. Ou pas.