Ci-dessous se trouve l'éloge funèbre de ma grand-mère, écrite le lendemain soir de son décès, et sous l'effet notable de bonnes doses d'alcool. Au final, je n'ai pas lu ce texte, ni à l'église, ni au cimetière, et je viens juste de le retrouver au milieu d'un tas d'autres papiers, trois mois après. Je vous le livre tel qu'il a été écrit, sans correction, et sans ajout, ce qui explique qu'il n'est pas terminé: j'ai déjà eu assez de mal à relire la dernière phrase... En le relisant, je me demande de toute façon s'il aurait été très approprié de lire ce texte durant la cérémonie. Je sais difficilement parler à une audience sans mettre quelques pointes d'humour, et pour un enterrement... Hmm.


Cher Papy, Maman, Tata, Grand Tonton, membres de la famille, amis, sympathisants,

Nous sommes réunis ce jour pour célébrer, car il n'est d'autre mot pour désigner cette cérémonie, le décès qui fût, tour à tour, femme, mère, puis grand-mère.

Quel meilleur hommage pourrions-nous lui rendre, qu'en nous souvenant, puisque cette mémoire est, et restera, le lien commun qui nous rassemble tous, ce jour ?

Osons !

Osons nous souvenir de cette petite fille blonde qui naquît un jour de 1927, d'un père breton, Amand François Chapdelaine, et d'une mère rennoise, Madeleine Louise Jeanne Aubrée, et mariée, après la guerre, à un gaillard vendéen, Daniel, ici présent, respectivement à 21 et 24 ans.

Cette jolie blonde, que l'on pouvait régulièrement croiser en compagnie de son mari et de leurs deux filles, Christine et Brigitte, nées respectivement en 1950 et 1954, et respectivement tante et mère du présent orateur, ou bien à Saint-Brévin, fief de villégiature de la famille, ou bien dans la fromagerie, située côte à côte avec une patisserie-confiserie -- et j'ose à peine imaginer ici les difficultés traversées par les deux sœurs pour éviter ce lieu de perdition ! -- -- et j'en vois certaines et certains me reprocher, d'ores et déjà, mes phrases trop longues -- cette jolie fille blonde, disais-je, avant d'être grossièrement interrompu par moi-même, et ce malgré mes nombreuses remarques réitérées, restera en nos cœurs et en nos esprits comme étant le co-catalyseur essentiel de création.

Que dire, en effet, d'une femme qui sût mener, avec succès, de ce qu'il est possible d'en juger actuellement, conjointement, une vie de famille composée de deux filles délurées, d'un mari moustachu, et d'une vie professionnelle bien remplie ?

Comment mieux résumer la situation, qu'en le disant très simplement: « Ma grand-mère, cette femme extraordinaire » ?

Car j'ose, à nouveau, mesdames, mesdemoiselles et messieurs, prétendu que oui, ma mamie, ma grand-mère, était une femme hors du commun. Comment sinon, disposerions nous aujourd'hui de ces deux femmes accomplies, sûres d'elles, solides et néanmoins fragiles, que sont ma mère et sa sœur ? Je l'affirme ici-même, nous détenons tous, plus ou moins distinctivement, une part d'elle en nous. En effet, si nous détenons, ce caractère maniaque, carré, combattif,