Mise à jour: ce restaurant a été repris par un nouveau propriétaire et un nouveau chef, cette critique n'est donc plus à jour. Merci au repreneur de me l'avoir signalé.

Toujours dans le cadre du week-end en Champagne, SF nous avait sorti de sa manche une adresse du Gault et Millau:

Le Mesnil
2, Rue Pasteur
51190 Le Mesnil-Sur-Oger

Pour commencer, la réception est plutôt froide, on nous avait indiqué qu'il fallait arriver à 21h dernier carat, et nous avons dû arriver vers 21h10. À l'entrée dans le restaurant, la décoration nous met la puce à l'oreille: style très clinquant genre "on va vous en mettre plein les yeux"... Malheureusement flinguée à la vue du serveur: un boutonneux de 16 ans, habillé en pingouin, et certainement pas à la hauteur de la tache: au vu du décor, les critères furent placés assez haut.

La salle, grande, avec des tables très espacées semblait appeler à la quiétude. Contrairement à toutes les tables parisiennes, nous nous sentions presque gênés de chuchoter. La seule autre table du restaurant, comptant une trentaine de places dans cette salle, était une table de quatre personnes... Un fond musical de jazz (Glenn Miller, Dave Brubeck, ...) emplissait assez bien cet assourdissant silence.

Après quelques minutes d'attente à table, on nous a apporté les cartes... Sans même nous demander si nous désirions un apéritif. À se demander si arriver à 21h n'est pas déjà une insulte pour ces gens. Après avoir tergiversé sur le menu, SF, ER, et GF ont commandé à la carte, tandis qu'AF et moi-même prenions un menu spécial. J'ai eu d'ailleurs l'impression de profondément déranger la femme du patron (?) en commandant.

  • Entrées:
    • Marmite d'escargots de Champagne (la fontaine de Bernon ) au Champagne, crème d'ail, persil (SF, GF)
    • Tranche de foie gras de canard frais nature, toast grillé (AF, AL)
    • Panaché de homard tiède, sauce cerfeuil sur julienne de légumes (AF, AL)
  • Plats:
    • Dos de saumon français sauce Mesniloise lentillons roses de Champagne (ER)
    • Magret de canard (AF, AL)
    • Carré d'agneau rôti aux herbes de Provence (SF, GF)
  • Fromages divers
  • Assortiment de dessert
  • Café
  • Vins:
    • Santenay 1er cru Vieille Vigne 1995
    • Santenay 1er cru Clos Tavannes 2000
    • Evian 1L

Nous avons donc entamé directement sur le vin, puisque les apéritifs semblaient inexistants. Celui-ci était un bon choix, mais il s'est avéré y avoir un problème: le gamin faisant le service a posé la bouteille 3m derrière nous, sur une desserte, mais n'avait visiblement pas encore intégré le concept de la vérification des verres vides lorsqu'il rentrait dans la pièce. Au bout de trois passages, AF s'est levé et a récupéré la bouteille afin de remplir nos verres. L'illusion du service sans le service...

Lorsque le gamin a apporté les entrées (ER n'en avait pas pris), si AF et moi-même avions une tranche de foie gras correcte (maison ? pas sûr), SF et GF se sont retrouvés avec deux récipients de taille ridicule, présentés comme la cassolette d'escargots et ont alors demandé s'il s'agissait bien de la marmite. Réponse atterrante du serveur: "Ben heu oui, la marmite et la cassolette c'est la même chose, c'est la même contenance, vous savez". Prends nous pour des cons, bouseux. 16,50€ pour 10 escargots se battant en duel, noyés sous une sauce quelconque, la pilule a eu du mal à passer. Le foie gras était assez bien, mais évidemment, nous fûmes assez vite en panne de toasts; et comme de bien évident, impossible d'attraper le serveur, nous avons dû terminer sur du pain. Quant à notre seconde entrée, le panaché de homard, elle s'est avérée passable. Le panaché était assez sec et sans saveur, froid, et non tiède comme indiqué sur la carte; de plus, on en trouve du meilleur dans n'importe quel supermarché. Seule la julienne de légume relevait un peu le plat...

Les entrées terminées, le reste de vin ne fit pas long feu, nous en commandâmes donc une seconde. Ceci sembla surprendre, voire déstabiliser la tenancière. Deux bouteilles pour cinq, il n'y a plus de jeunesse, mon bon monsieur. Heureusement, cette deuxième bouteille, bien que plus jeune, était elle aussi très correcte. Il est à noter que la carte des vins, très fournie, semble peut-être une des rares bonnes choses de ce restaurant. En testant ce second vin, j'ai remarqué que l'ambiance sonore avait un air de déjà entendu; après un ou deux titres, il s'est avéré que le CD tournait en boucle...

Les plats furent tout aussi décevants que les entrées. Le dos de saumon d'ER, à peine cuit, ressemblait à n'importe quel saumon de n'importe quel restaurant, sans aucune imagination, ni dans la sauce, ni dans l'accompagnement. Le carré d'agneau pour deux, d'après les intéressés, était impeccable, mais très juste en terme de quantité. Nos magrets de canard, en revanche, étaient trop cuits, gâchant tout plaisir. Une fausse note de plus, nous regrettions vraiment le choix du restaurant.

Le plateau de fromages, servi en chariot, était convenable, et incluait bien évidemment l'inévitable boulette d'Avesnes (qui est au fromage ce que le fast food est à la gastronomie). Les desserts, une boule de glace avec une tuile, nous laissèrent de glace. Enfin, le café, servi avec du sucre blanc (ces gens n'ont jamais dû entendre parler de sucre roux), était un café de jus de chaussette, et pas un expresso comme on pouvait s'y attendre dans ce genre de restaurant...

Je ne sais pas où le Gault et Millau a été chercher le 13 qu'ils ont décerné à ce restaurant, ou alors ils sont passés il y a quelques années et depuis, la qualité n'a cessé de baisser. C'est un restaurant que je déconseille absolument, le rapport qualité/prix étant digne des meilleurs arnaques à touristes de Paris: nous en avons eu pour plus de 62€ par personne, pour une qualité proche de la brasserie type boui-boui...